jeudi 2 mars 2017

L'écriture est une maîtresse exigeante

Écrire, c'est essentiellement faire l'amour avec des mots. Il ne faut pas brusquer les choses, il faut les effleurer en douceur, quitte à être surprenant par moment en changeant de direction, quitte à se faire dire «STOP!» en plein souffle. C'est un baiser sur une paupière, tout en douceur, ou un élan spontané qui vient forcer, qui vient transpercer l'âme d'un coup de fouet bien placé.

C'est des nuits blanches. C'est de l'alcool. C'est de l'amour. C'est de vouloir plaire à une muse. C'est d'être accablé lorsqu'elle n'aime pas, y retourner, réécrire, juste pour voir dans ses yeux ce moment où elle sera satisfaite. C'est réécrire avant même qu'elle ne le sache, juste pour éviter cette possibilité qu'elle nous brise le coeur.

C'est d'oublier que le reste est encore là, que l'univers n'arrête pas pour qu'un écrit naisse là où il n'y a que le vide. Écrire, c'est créer le besoin et sa solution. Créer un enthousiasme à partir du néant.

Écrire, c'est oublier qu'il y a un chaudron sur le feu, c'est oublier d'appeler le dentiste, c'est oublier de manger, de dormir, parfois même de boire... c'est espérer que l'amour viennent se pencher par-dessus une épaule pour poser un baiser délicat sur la nuque, pour nous enlacer de dos, sans être vexée de ne pas avoir de réciprocité.

Écrire, c'est se lever la nuit, encore tout chaud de ce corps laissé derrière, aller au clavier et clamer les mots qui m'ont réveillé. C'est décrire ce corps qui attend sans le savoir, pour mieux lui revenir lorsqu'on l'a immortalisé.

Écrire, c'est avouer qu'on est seul, face à un ordinateur, à raconter des histoires à personnes. Quand les loups pourront s'en régaler, je serai ailleurs, je ne pourrai les voir. Ils seront là, libres d'arrêter,

libres de commenter, alors que je serai ailleurs à angoisser...

Écrire, c'est aimer


C'est aimer des hommes, les autres et les femmes. C'est faire l'amour sans idéologie, sans race, sans religion, sans préférence sexuelle, sans âge, sans limites de temps, sans crainte, sans lendemain, sans promesse, sans oublis, sans déception, sans tristesse, mais tout ça à la fois dans une immense gerbe de feu brûlant. Un feu que l'on nourrit du bout des doigts, du bout des lèvres, que l'on peu amener avec soi pour réciter plus tard, quand il sera encore temps, quand viendra le moment, quand les mots seront d'une autre utilité, d'un autre chant...

Écrire, c'est s'emporter, s'envoler, prendre des raccourcis et des détours. C'est prendre la langue et la brusquer pour qu'elle vous offre ce qu'elle a de plus personnel à offrir : le style. Mon style, celui que vous lisez, évolue avec le temps, avec les connaissances, les lectures et les passions. Ce style, ce souffle, ce qui guide vos yeux d'une phrase à l'autre... c'est moi.

Écrire, c'est être nu.

Je suis nu devant vous.

Et votre regard me plait.

Merci.

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