dimanche 22 mars 2020

Hélène en quarantaine - 135


Une bombe nucléaire est tombée dans le silence: Hélène m'a demandé si je voulais faire un enfant.

Si le monde est pour se terminer, pourquoi pas? Il faudra bien repeupler le monde après cette apocalypse. Et puis, un enfant, ça occupe.

Je n'ai rien dit : j'ai souri.

Parce qu'il faut sourire devant l'inconnu.

Et puis, parce que j'aime Hélène.

Je ne sais pas comment on va faire. L'argent... n'existe plus. Les soins de santé... je n'ai pas la moindre idée comment ça peut fonctionner. Est-ce que les hôpitaux sont encore ouverts? Est-ce qu'on pourra avoir un suivi de grossesse? Dans quelles conditions pourra-t-elle accoucher?

Autant je suis heureux, autant je m'inquiète. 

Et il faudra faire l'amour. C'est quoi la sensation quand on fait l'amour en sachant qu'il y a une résultante bien réelle? C'est quoi faire l'amour comme il y a 100 ans? C'est quoi faire l'amour quand on sait qu'on le fait potentiellement à 3?

J'ai la chienne de ma vie et ça fait du bien d'avoir peur de quelque chose que je sais.

À tout hasard, j'ai interdit à Hélène de penser brûler le dictionnaire. D'autres livres y sont passés (il faut bien alimenter le feu), mais pas celui-ci. Faudra l'éduquer ce marmot. Faudra lui apprendre des choses et on n'a pas vraiment de matériel didactique sous la main.

Faudra réinventer la pédagogie, les travaux, le programme scolaire, les activités parascolaires, faire des couches lavables, faire sans gardiennage (on y irait où de toute façon?!), deviner ce qu'il faut faire avec un enfant qui a des coliques (je ne sais même pas c'est quoi des coliques), deviner comment le nourrir à chaque moment de sa croissance, lui fabriquer des vêtements...

Oh merde.

Je l'aime Hélène.

Une chance.

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